Est ce que j'assume d'utiliser le titre d'une chanson de Black M en titre d'article ? Clairement pas... Mais je dois quand même avouer que ces mots raisonnent en nous depuis le début de cette grossesse.
Je suis aujourd'hui à 24 semaines de grossesse et je me décide enfin à faire le point sur tout ce qu'on a vécu ces 5 derniers mois. Par ci par là sur le blog vous avez déjà un bon résumé du premier trimestre et finalement, pour le moment et malgré les angoisses que ce trimestre apporte à toutes, je dois désormais admettre que de notre côté il était paisible à côté de ce qui nous attendait après...
La première échographie était passée, on soufflait enfin ! Bébé était bien là, avec un joli coeur et les premières données sur chacun de ses membres étaient très positive. Je sors de l'échographie T1 le coeur léger et l'esprit plutôt libre. Prête à attaquer ce fameux deuxième trimestre qui dans la pensée collective est le meilleur et le plus épanouissant. A ce moment là je n'avais toujours pas saisi qu'une grossesse n'est pas l'autre et qu'il n'est pas utile de les comparer !
2 semaines après la T1 j'avais mon RDV mensuel avec le gynécologue que nous avions vu au 2 premières échographies. Etant du milieu je connais un peu les médecins, la différence avec un suivis gynéco et un suivis sage femme et je voyais bien qu'il y avait quelque chose qui ne passait pas vraiment. Les consultations étaient très rapides et expéditives et mes questions restaient souvent sans réponse. Je suis quand même allé à ce RDV et j'envisageais d'éventuellement changer de suivis après celui-ci...
Je suis à ce moment là a 14 semaines de grossesse et lors de cette consultation je dois prendre connaissance des résultats du tritest pour le dépistage de la trisomie. Pour être tout à fait transparente je n'ai jamais été inquiété par ce test et je n'y ai que très peu pensé avant le RDV. Pourtant je connais les risques et je sais très bien que ça arrive, mais on pense toujours que les grossesses compliquées et autres ça arrive qu'aux autres... Je m'égare un peu et cet article risque d'être décousu, autant que nos émotions pour dire vrai mais je crois que je ne saurais le faire autrement.
Dès le début de la consultation le médecin me parle du résultat du tritest, "1/1600 les résultats sont bons, vous n'êtes pas à risque" Ok, je n'attendais rien d'autre en réalité. Il poursuit "Par contre vous avez un taux effondré, en dessous des normes, ce sont les PAPP A (Proteine A présente dans le placenta) il faudra surveiller, faire des échographies plus rapprochées, il y a un risque de pré éclampsie et de retard de croissance." Merci, au revoir ? Sans rire c'est à peu près ce qu'il s'est passé. Sauf que... je sais ce qu'est une préeclampsie, un retard de croissance aussi et je connais très bien les risques pour les voir malheureusement au travail. Je ne sais pas si c'est mieux ou pas de savoir mais au vu du peu d'explication qu'il m'a donné je trouve que pour une patiente qui ne sait pas ça peut être encore plus difficile.
Je suis ressortie de là avec cette info et rien de plus. "On se revoit à 22SA et on verra" J'allais rester 8 semaines comme ça ? En théorie ça peut ne rien changer, sur le plan du bébé on va dire, mais psychologiquement je me suis sentie très très seule.
Je suis immédiatement allée à mon travail pour basculer mon dossier dans la maternité où je travaille et être suivis sur place. Déjà parce que c'est moins loin donc avec un suivis si régulier c'était plus pratique et ensuite parce qu'une des médecins a dessuite pris le relais et m'a surtout bien tout expliqué. Elle a refait une échographie rapidement à 15SA pour refaire le point. L'échographie a duré longtemps, elle a pris le temps de tout vérifier et elle a rapidement su expliquer ce taux effondré.
J'ai des notchs (défauts) sur les artères utérines, sur les deux. Cela entraine une baisse du flux sanguin vers le placenta et donc n'apporte pas assez de nutriment au bébé. Egalement cela peut empêcher le placenta de bien se renouveler/nettoyer d'où le risque de pré éclampsie.
Aussi, la gynécologue a pris en compte le fait que j'ai une maladie auto immune, ce qui peut expliquer la situation. Rien n'est prouvé, on ne saura jamais de quoi ça vient et ça peut arriver à n'importe qui mais en tout cas toutes les données ont été prise en compte et c'était rassurant d'avoir un suivis très complet.
Dans les cas comme celui ci généralement il y a une échographie morphologique précoce à 18 semaines. Ce n'était pas le cas là où j'avais fait mes premières échographies.
A ce moment là je n'avais pas spécialement de recommandation de la part des médecins, juste une prise quotidienne d'aspirine et l'attente de l'échographie 3 semaines après.
Nous sommes passé par tellement d'état depuis cette annonce que je ne saurais vous redire comment j'étais le jour de ce nouvel examen. Je peux dire que j'ai eu rapidement très mal a mes articulations du fait de ma spondylarthrite ankylosante ce qui m'empechait de dormir et j'étais très fatiguée. Je continuais de travailler et avec le sourire mais je savais qu'il me serait difficile d'aller au bout (et de toute façon lors d'un retard de croissance il faut du repos stricte de la maman).
L'échographe prend ses mesures, je stresse un peu et attend de connaître le poids, savoir sur quelle courbe on se trouve etc. Elle m'annonce le poids et me dit que "c'est bien pour ce terme" mais que par contre elle constate une inclinaison du coeur anormale et qu'elle doit passer la main à un spécialiste. Je demande à plusieurs reprise ce que cela peut signifier mais elle ne me répond pas. Elle imprime le compte rendue et je constate que le poids (qu'elle disait correcte) est au 6eme percentiles... Donc plutôt très bas dans les courbes. Bref on repart avec ces infos... chamboulés, un peu perdus, très angoissés. Nous venions tout en sachant que bébé serait surement petit mais pas du tout en imaginant un problème sur son coeur.
Heureusement nous avions RDV une semaine après avec le spécialiste. Mais croyez moi, en une semaine on passe par beaucoup d'émotion dans ce genre de situation ! On a pleuré, beaucoup, on s'est faché, un peu, on s'est soutenu, surtout et on s'est aimé plus que jamais.
Le mercredi arrive, je suis à 19 semaines tout pile. On m'avait beaucoup parlé de cet échographe généticien spécialiste et il a été au delà de ce qu'on nous avait raconté. Humain, rassurant, réaliste mais avec les bons mots au bon moment. Tout ce que de jeunes parents inquiets peuvent espérer en fait... Déjà la consultation a commencé avec une batterie de question très précise et très ciblé que l'on ne m'avait jamais posé depuis le début de ma grossesse et qui pourtant semble avoir une réel importance. Et le tout dans la bonne humeur et avec beaucoup d'humour. Même si ces RDV sont toujours difficiles et pleins d’appréhension pour nous il a su nous les faire apprécier pour de vrai.
Nous passons à l'examen échographique, dans les 4 premières secondes déjà il nous a révéler que le sexe que l'on nous avait annoncé n'était pas le bon, on en a rie je vous assure mais ça fera l'objet d'un autre article. Il s'est rapidement tourner vers le coeur et nous a très vite rassuré "Il est très bien ce coeur, je dirais même parfait." et n'a pas manqué de nous confier son agacement sur le fait que des professionnels puissent inquiéter autant de jeunes parents. Pour nous c'est oublié, l'important étant que le coeur aille bien.
Il a évidemment repris les mesures et refait le point. Il a tout de même fait les même constats que la gynécologue précédente, les notchs sur chaque artères utérines sont bien présents et la croissance de bébé se situe entre le 5-10eme percentile (cela signifie que 5 à 10% des bébés font ce poids au même stade). Il a pris un temps fou pour nous expliquer tout, la croissance, le risque de pré éclampsie, le suivis qu'il envisage etc. Il nous a fortement conseiller de changer de maternité par sécurité, cela lui semble plus judicieux d'être pris en charge dans un niveau 2B, premièrement parce que je nécessite d'un suivis par un médecin gynécologue et non par une sage femme, deuxièmement parce que bébé risque de naître avec un petit poids et il est donc préférable d'avoir un service adapté sur place, troisièmement pour que le risque de pré éclampsie soit bien suivis et pris en charge rapidement si besoin avec tout ce qu'il faut sur place. J'allais donc changer de maternité pour la 3ème fois mais avec, enfin, un suivis qui nous convient.
Dès la sortie de ce RDV j'ai été mise en arrêt de travail avec des consignes de repos, d'alimentation, de traitement très complètes. J'ai pris RDV avec la médecin de la maternité et le relais a été pris (et très bien pris) par tous le monde.
La médecin a, quant à elle, mis en place un suivis hebdomadaire avec la sage femme (monitoring, bandelette urinaire et tension) afin de prévenir du risque de préeclampsie.
Lundi dernier, à 23SA+5 j'ai eu une échographie de contrôle avec le spécialiste, notre crevette se porte bien, elle a grandis correctement dans sa courbe, c'est à dire qu'elle est toujours petitoune mais il n'y a pas de cassure dans la courbe, nous sommes au 10eme percentile. Par contre le risque de préeclampsie est toujours bien présent et les notchs sont bien là. Le spécialiste a bien redonné les consignes de repos et insiste la dessus. Nous revoyons notre craquinette dans 20 jours avec un objectif de 900g minimum.
Et nous dans tout ça ?
Je vous parle des donnés médicales mais évidemment moralement ce n'est pas toujours évident. Et pourtant ! J'ai une confiance absolue en mon enfant, un peu moins en mon corps malheureusement mais chaque semaine gagnée est un bijou. Nous avons traversé beaucoup d'émotion et n'imaginions pas que ça puisse être autant semé d'embuche. On a vite compris que le fait de devenir parent change la vie et qu'il faut s'adapter. On a aussi compris qu'on ne contrôlait rien et qu'il fallait lâcher prise car rien ne se passe comme on l'a prévu. Malgré tout, ce qui nous arrive nous fait un bien fou sur notre rapport l'un à l'autre, sur notre positionnement face au monde (et aux gens qui nous entourent) et sur l'amour que l'on porte déjà a notre enfant ainsi que la confiance qu'on a envers elle. Elle est notre guide et elle le sera tout au long de sa vie. Avant même d'être là elle sait nous aider à nous positionner en tant que parent.
Biensur on craque, biensur on est fatigué, biensur on a peur mais on est soudé plus que jamais et malgré tout on savoure chaque instant de bonheur qui accompagne cette grossesse.
La surmédicalisation de cette grossesse n'est pas évidente, là où j'étais si déçue d'avoir peu d'échographie dans un parcours classique je rêve aujourd'hui de ne plus aller à ses consultations, la boule aux ventres. C'est sur, notre bébé on l'aura vu on a de "la chance" il parait... mais des fois j'échangerais bien ma place. Bien que je persiste à dire que ma grossesse je l'aime, c'est la mienne et ses épreuves écrivent peu à peu notre histoire, et à l'heure qu'il est je ne saurais l'imaginer autrement parce que tout ça nous appartient.
On essuie également des remarques maladroites, des soutiens adorables mais pas toujours adaptés, et des positionnements difficiles pour chacun. A vrai dire nous ne savons déjà pas comment nous positionner nous même alors pour les autres je suppose que c'est encore plus compliqué. Mais je pense que j'essaierai de faire un article sur ce sujet, de la façon la plus sincère possible en espérant ne froisser personne. Parce que ce qu'on ressent est assez unique et impossible à percevoir pour les autres.
Après tout ce blabla je vais retourner me reposer et faire grandir ce petit coeur, j'espère que vous comprendrez un peu mieux la situation. Cet article est purement informatif, il n'a aucun but d'attirer la pitié ou autre. Et biensur je n'oublie pas que ça pourrait être plus grave et que à l'heure où je vous écris mon bébé va bien et je suis à 100% consciente que c'est une chance inouie.
Commentaires
Enregistrer un commentaire